théâtre durée 1h20
création au cinéma Laetitia à Ajaccio le vendredi 8 septembre 2023 à 21h
reprise dimanche 10 septembre à 8h30 et 17h à SCOPA à Ajaccio
--> avec Operae dans le cadre des rencontres LE TRAVAIL AUTRE
NOTE
Manon Delatre, dont la joie émerge du noir, deviendra-t-elle cheffe opératrice ?
Cela semble tout écrit…
Mais alors, pourquoi se retrouver avec elle dans un théâtre ?
Une actrice est là, dans une étrange cabane : elle a l’impression de tenir un bout de Nouvelle Vague dans le creux de sa main mais s’apprête à témoigner dans la lumière la plus crue de certaines pratiques du septième art, plus généralement de certains mécanismes pénibles du monde du travail, ceux qui font qu’un beau jour on ne veut plus travailler…
Et cette femme active autour d’elle, muette, et qui semble l’écouter, que diffuse-t-elle avec son ciné-projecteur pellicule ?
« Camera obscura », première !...
Comme Manon Delatre, habituons nos yeux à la pénombre de l’éclairage inactinique, choisissons le papier de notre jeu, caressons-en le grain comme celui d’une peau, évaluons les contrastes, égrenons les temps de pose dans un murmure, comme une formule magique comprise de nous seuls, « un, deux, trois, quatre, cinq, six… » Les mots qu’on se glisse à l’oreille, le silence, la concentration.
Quelqu’un dira sûrement que nous sommes dans un rêve et se demandera avec nous : comment mêler étroitement théâtre et cinéma ?
P.O. Juin 2023
DRAME, SCÈNE
La puissance que dégage le texte de Manon Delatre et son langage à la fois parlé et littéraire nous ont guidés dans nos choix esthétiques et très vite nous est venue l’idée d’associer sur scène la projection d’un film pellicule de Lucie Bonvin à cette traversée.
Non pas pour ajouter un élément, mais pour éclairer et faire résonner ce récit de tous ses feux.
Les monochromes gris, bleu et jaune de Lucie nous ont semblé faire écho au texte de Manon Delatre : mais cela ne suffisait pas, il fallait que Lucie B, avec ses films, soit en scène avec La Gosse, Fanny Gosset, comédienne intense, qui porte le texte de Manon D.
Et que Lucie non seulement diffuse ses films sur d’autres surfaces que sur un simple écran, mais qu’en tant qu’ouvrière du drame, elle redimensionne sans cesse l’espace de jeu et la lumière.
L’acquisition d’un projecteur pellicule s’est imposée.
Toute notre dramaturgie s’élabore dans la relation étroite entre l’énoncé du texte et la projection du film et se cristallise tout autour de ce projecteur et d’une cabane de bois enfantine, dans une dynamique de renouvellement des dimensions de cette cabane et des successifs espaces imaginaires qui tiennent lieu de grenier, de chambre noire, ou de rêve de la nuit.
Dans une recomposition de l’espace de jeu reflétant les états du récit et une lumière toujours en mouvement, le texte de Manon Delatre se délivre, dramatique, ludique, et Camera obscura nous parvient au présent de ses revirements et de ses réfractions.
Traversée d’un monde professionnel bien particulier et jusqu’ici peu décrit, Camera obscura tape dans le mille, et la vision de Manon, qui semblait si personnelle, nous touche et se révèle universelle.