CAMERA OBSCURA
une pièce imaginée à partir du récit de Manon Delatre paru aux éditions du commun en 2021
avec Fanny Gosset, comédienne
Lucie Bonvin, cinéaste
mise en scène Pascal Omhovère
coordination artistique Jenny Delécolle
--> Présentation du travail en cours le dimanche 9 juillet 2023 à CRÉACIRQUE, ajaccio
--> Représentations pendant les Rencontres LE TRAVAIL AUTRE proposées par OPERAE du 8 au 10 septembre 2023 à SCOPA, ajaccio
Manon Delatre, dont la joie émerge du noir, deviendra-t-elle cheffe opératrice ?
Cela semble écrit…
Mais alors, pourquoi se retrouver dans un théâtre ou avec elle dans un théâtre ?
Et pourquoi réfléchir, à rebours, de ce choix ?
Une actrice est là. Elle a beau elle aussi avoir l’impression de tenir un bout de Nouvelle Vague dans le creux de sa main, elle s’apprête pourtant à témoigner dans la lumière la plus crue de certaines pratiques du septième art, plus généralement de certains mécanismes pénibles du monde du travail, ceux qui font qu’un beau jour on ne veut plus travailler…
À qui parle-t-elle ?
Et cette femme muette qui lui ressemble un peu et semble parfois l’écouter, pourquoi se met-elle à diffuser avec son vieux ciné-projecteur pellicule des films, mots écrits, et autres représentations visuelles ?
Ce bandonéon posé sur la scène, ce pied de micro… ne témoigne-t-il pas plutôt d’une salle de concert ?
Quelle distraction : c’est évidemment un plateau de tournage !
« Camera obscura », première !...
Chambre obscure ?
Quoi de plus réel que tout ce qui se délivre ici !
Comme Manon Delatre, habituons nos yeux à la pénombre de l’éclairage inactinique, choisissons le papier de notre jeu, caressons-en le grain comme celui d’une peau, évaluons les contrastes, égrenons les temps de pose dans un murmure, comme une formule magique comprise de nous seuls, « un, deux, trois, quatre, cinq, six… » Les mots qu’on se glisse à l’oreille, le silence, la concentration.
Quelqu’un dira sûrement que nous sommes dans un rêve…
Et se demandera avec nous : comment mêler étroitement théâtre et cinéma ?
Portée par l’interprétation de Fanny Gosset, l’écriture dense de Manon Delatre devient langage parlé et l’écoute de Lucie Bonvin devient image.
La vie de Manon peut se dérouler.
Jusqu’à l’épuisement et la résurrection.
P.O. janvier 23