LA NUIT
pièce en cinq actes, un prologue et un épilogue
de Pascal Omhovère
aller-retour
entre hier quelques années avant notre ère
et aujourd’hui,
inspiré :
-du quatrième et dernier chant des Géorgiques de Virgile, chant consacré aux abeilles et à la figure d’Orphée.
-du retour d’Auguste dans son jardin à Rome, un soir de printemps, auprès de Mécène, Virgile et de sa sœur Octavie, après sa victoire à Actium contre Antoine et Cléopâtre, mais …avec devant lui une société à reconstruire.
-de questions économiques qui se posent depuis la nuit des temps.
Aborder le quatrième chant. S’interroger sur la disparition actuelle des abeilles. Relier hier et aujourd’hui. Montrer encore que tout vient des livres. Prendre à bras le corps Orphée dans la béance de son mythe. Ne pas négliger la légende et donner toute sa place à Eurydice « justice sans borne ». Proposer une suite, seize ans après, à l’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare monté par Noël Casale. Faire parler vraiment la Lune à l’instar d’Antoine Vitez mettant en scène Dominique Valadié dans Le Soulier de satin de Paul Claudel en 1988 au Palais de Chaillot. Entendre l'actrice qui joue le peuple interroger le public et Auguste sur des questions économiques et sociales, l’entendre s’étonner d’associer le mot sécurité au mot social. Se demander avec elle que doit faire un état, à quoi ou à qui doit se rapporter un salaire, comment changer les pratiques agricoles… S’apercevoir que tous ses sujets mêlés à la métaphysique orphique résonnent les uns dans les autres et qu’il convient de chercher le principe de cette résonnance. Ouvrir la possibilité de re-significations. Voir la pièce s’écrire sur le plateau et les comédiens parfois ne plus savoir s’ils jouent une pièce contemporaine ou d’il y a 2000 ans. Sortir la pièce de ses gonds. Rendre l’espace furieux. Traverser toute la nuit. Eprouver comme dans l’Ange exterminateur de Luis Bunuel l’impossibilité de s’en aller. Ne jamais perdre l’élan comique, ludique, enfantin, garder le pied léger. Faire revenir Cléopâtre, faire advenir la beauté, convoquer l’ombre de Marc Antoine, voir passer fugacement la personne de Jésus. Qu’une poésie ébouriffante, égyptienne, toxique, métamorphosante, vienne rivaliser avec les questions lancinantes, religieuses, économiques et sociales posées à Auguste et au public. Ne jamais perdre le contact avec les abeilles, toujours revenantes. Irriguer la scène du pouvoir du rêve et de la nuit. Ne pas oublier que dans la ruche il fait nuit. Pascal Omhovère
L’Éclatement de La Nuit
Vaste pièce, La Nuit devait s’étoiler en variations : ainsi, trois Éclats de nuit ont été joués cet automne 2023 dans le théâtre de poche de la Compagnie à Scopa.
Le premier Éclat,
le dimanche 8 octobre à 17h,
à la sainte Pélagie, rassemblant Esther Cristiani, l’interprète de la Lune,
et le musicien Viktor Sorba, pour une matinée intitulée
La Nuit est une île couverte de neige.
Le second Éclat,
réunissant Coralie Le Fresne, interprète d’Octavie -sœur d’Auguste- et du fantôme de Cléopâtre,
François-Xavier Marchi dans le rôle d’Auguste,
et Sandrine Gout jouant -et dansant- Le Peuple Romain.
Jouer Cléopâtre me plait,
le dimanche 22 octobre,
de la sainte Élodie,
à 17h,
soir de quart de lune.
Enfin, le troisième Éclat,
du dimanche 12 novembre,
à 17h : La Fulmination des Cyclopes devant la masse de matière à pétrir,
Paul Laurent, alias Virgile et
Julie Cousin, alias Eurydice,
ainsi que Pascal Omhovère pour Orphée,
au charbon,
c’est-à-dire au présent poétique.
crédit photo barthelemy cannebotin
Création
Première résidence : 5 - 6 - 7 novembre 2022 à CRÉACIRQUE Ajaccio
Deuxième résidence : du 18 au 25 février 2023 à l'ARIA Pioggiola
Troisième résidence : du 18 au 21 mai 2023 à CRÉACIRQUE
Lecture intégrale de LA NUIT à Rennu in cumunu par Pascal Omhovère et Jenny Delécolle - jeudi 10 août 2023 19h
--> Faisons parler la Châtaigneraie de Rennu en y déployant cette pièce dans ces velléités et ardeurs métaphysiques, écologiques, politiques.
Création des Éclats de nuit à SCOPA
-premier Éclat, le dimanche 8 octobre à 17h, La Nuit est une île couverte de neige.
-second Éclat, le dimanche 22 octobre à 17h, Jouer Cléopâtre me plait.
-troisième Éclat, le dimanche 12 novembre, à 17h, La Fulmination des Cyclopes devant la masse de matière à pétrir.
Par ailleurs, en plus de ces trois petites formes théâtrales et politiques, à la suite de la lecture émue de la pièce intégrale La Nuit à Rennu in Cumunu, le 10 août dernier, Pascal Omhovère et Jenny Delécolle -avec un bouquet de didascalies-, tiennent à faire savoir qu’ils se tiennent prêts à repartir à l’assaut de cette lecture totale de La Nuit, quand le hasard d’une programmation les y autorisera !
GEORGICA
GEORGICA
Création de Georgica, libre adaptation du troisième chant des Géorgiques de Virgile, qui après deux résidences, à l’AGHJA en novembre 2020 et à l’ARIA en février 2021, a trouvé son aboutissement les 17 et 18 novembre 2021 au Théâtre de l’Aghja à Ajaccio.
GEORGICA, mot latin, signifiant Les Géorgiques, à savoir : les travaux des champs.
Une sorte d’opération carnavalesque à coeur ouvert. Un joyeux laboratoire. Une traduction
en direct, en live, d’un poème de plus de 2000 ans. Le latin, le tonique latin, pousse-t-il
toujours ? Assister à la singularité, à la vitalité de cette langue morte. Voir et entendre les
« mortes » et les « vivantes » s’interpeller, se ramifier, se contredire… Regarder comme elles
se répondent. Éprouver leur sororité. Comment la langue française, la langue corse et la
langue italienne tètent encore le latin comme une louve… Comment le langage est bien plus
qu’un outil. Joie des langues.
Ce poème agricole a souci de la terre. Prendre soin du vivant, voilà de quoi ce livre est fait,
comme le souligne Frédéric Boyer, récent traducteur des Géorgiques. Et se retrouver sur une
scène de théâtre à plusieurs pour expérimenter, pratiquer ce souci du vivant, motive notre
cheminement. Chemin pluriel. Union des contraires. Joie des corps.
Témoigner à travers le poème de Virgile de la sève qui anime plantes, animaux, paysans ;
somatiser, ne rien imiter. Joie des voix.
Retrouver une oralité. Ces textes étaient clamés à haute voix dans l’Antiquité. Adressés. A
qui parlait Virgile de sa douce voix ? A son père, paysan à Mantoue ? Au citoyen romain ? A
l’homme aux prises avec lui-même ? A l’homme dans la cité ? A son voisin paysan de la
campagne napolitaine ? A Auguste, l’Empereur ? A Mécène, le commanditaire ? Aux
hommes et aux femmes de chacun des pays nommés dans les Géorgiques ? Aux Scythes ?
Aux Volsques ? Aux Gètes ? Aux Bisaltes ? aux Gélons ? Aux Sarmates ? Aux Etrusques ? Aux
Goths ? Aux Irakiens ? Aux Soudanais ? Aux Grecs ? Aux Roumains ? Aux Anglais ? Ou encore
à nous, habitants de Corse en 2022 ?... A qui ? Joie de l’appel. Joie de ce qui est appelé.
Traduire Virgile, c’est écouter minutieusement ce que ce texte très ancien a à nous dire.
C’est aussi en retour lui parler de nous. De notre condition terrestre aujourd’hui. Ne pas
oublier de lui dire comment va notre monde, notre pays. Cette traduction ouverte n’existe
que dans cet échange, et c’est sur cet échange, cet aller-retour, que repose notre dynamique
de travail.