GEORGICA

GEORGICA 

Création de Georgica, libre adaptation du troisième chant des Géorgiques de Virgile, qui après deux résidences, à l’AGHJA en novembre 2020 et à l’ARIA en février 2021, a trouvé son aboutissement les 17 et 18 novembre 2021 au Théâtre de l’Aghja à Ajaccio.


GEORGICA, mot latin, signifiant Les Géorgiques, à savoir : les travaux des champs.
Une sorte d’opération carnavalesque à coeur ouvert. Un joyeux laboratoire. Une traduction
en direct, en live, d’un poème de plus de 2000 ans. Le latin, le tonique latin, pousse-t-il
toujours ? Assister à la singularité, à la vitalité de cette langue morte. Voir et entendre les
« mortes » et les « vivantes » s’interpeller, se ramifier, se contredire… Regarder comme elles
se répondent. Éprouver leur sororité. Comment la langue française, la langue corse et la
langue italienne tètent encore le latin comme une louve… Comment le langage est bien plus
qu’un outil. Joie des langues.
Ce poème agricole a souci de la terre. Prendre soin du vivant, voilà de quoi ce livre est fait,
comme le souligne Frédéric Boyer, récent traducteur des Géorgiques. Et se retrouver sur une
scène de théâtre à plusieurs pour expérimenter, pratiquer ce souci du vivant, motive notre
cheminement. Chemin pluriel. Union des contraires. Joie des corps.
Témoigner à travers le poème de Virgile de la sève qui anime plantes, animaux, paysans ;
somatiser, ne rien imiter. Joie des voix.
Retrouver une oralité. Ces textes étaient clamés à haute voix dans l’Antiquité. Adressés. A
qui parlait Virgile de sa douce voix ? A son père, paysan à Mantoue ? Au citoyen romain ? A
l’homme aux prises avec lui-même ? A l’homme dans la cité ? A son voisin paysan de la
campagne napolitaine ? A Auguste, l’Empereur ? A Mécène, le commanditaire ? Aux
hommes et aux femmes de chacun des pays nommés dans les Géorgiques ? Aux Scythes ?
Aux Volsques ? Aux Gètes ? Aux Bisaltes ? aux Gélons ? Aux Sarmates ? Aux Etrusques ? Aux
Goths ? Aux Irakiens ? Aux Soudanais ? Aux Grecs ? Aux Roumains ? Aux Anglais ? Ou encore
à nous, habitants de Corse en 2022 ?... A qui ? Joie de l’appel. Joie de ce qui est appelé.
Traduire Virgile, c’est écouter minutieusement ce que ce texte très ancien a à nous dire.
C’est aussi en retour lui parler de nous. De notre condition terrestre aujourd’hui. Ne pas
oublier de lui dire comment va notre monde, notre pays. Cette traduction ouverte n’existe
que dans cet échange, et c’est sur cet échange, cet aller-retour, que repose notre dynamique
de travail.